Le métier de luthier est complexe. Il demande de solides connaissances en musique, sculpture, peinture, acoustique, histoire. Le luthier fait appel à tous ses sens : vue, toucher, ouïe, odorat. Toutes ces facultés réunies permettront à un luthier expérimenté de transformer quelques kilos de bois très bien choisi en quelques 350 grammes de sonorité pure pour un violon.
Des artisans de génie, tels Andrea Amati, Antonio Stradivari, Giuseppe Guarneri del’ Gesu’, ont élevé cet objet à vocation utilitaire au rang d’œuvre d’art, dans une période comprise entre le 16ème et le 18ème siècle. Ces instruments ne sont pas restés dans leur état d’origine, ils ont dû subir des transformations en lien avec l’évolution musicale. Tout créateur d’instruments de musique fait partie d’un triangle. Le compositeur, qui imagine le son, l’interprète qui le créé, le luthier qui le rend physiquement possible. C’est une notion essentielle à comprendre avant de commencer la fabrication d’un violon, d’un alto, d’un violoncelle ou d’une contrebasse. Les meilleurs luthiers de l’histoire ont toujours travaillé en étroite relation avec des compositeurs et des interprètes.
Actuellement, le métier de luthier offre plusieurs facettes.
La principale est l’entretien, ou la réparation. C’est l’activité la plus courante, faite en vue de la revente d’instruments, ou à la demande d’un musicien.
La restauration, techniquement difficile, exige une très bonne expérience, la capacité de construire un plan d’intervention, le très grand respect du travail d’origine.
La création : elle est la base de l’apprentissage. Tout jeune élève en école de lutherie commence directement la fabrication d’un violon. Elle est le passage obligé. Beaucoup en rêvent, peu en vivent.
Le commerce, qui vient couronner toutes ces facettes. Tout art doit nourrir son homme.
L’expertise, qui demande une très grande connaissance de l’histoire du violon, une mémoire sans faille. Les grands experts sont rares, ils ont dû bénéficier de l’expérience d’ateliers anciens ou les générations successives ont transmis leur savoir.
L’image du luthier est souvent calquée sur celle de Gépetto. Un petit atelier isolé, un artisan qui travaille sous le regard bienveillant de son chat et de son poisson rouge, occupé à donner vie à quelques morceaux de bois. Cette seule perspective est vouée à l’échec. Il y a effectivement des heures solitaires à l’établi, mais la lutherie est avant tout un métier de contact. Le luthier apprend son métier avec les interprètes, il sera leur partenaire toute sa vie, qu’il entretienne, répare, restaure ou fabrique. Il faut être ouvert, à l’écoute, faire preuve de curiosité, d’inventivité, suivre les évolutions techniques tout en respectant la tradition.
Ce métier peut permettre de voyager afin de parfaire son apprentissage. Nombreux sont les luthiers qui parlent 3,4,ou 5 langues.
Le métier de luthier est ancien, voire ancestral, mais avec un esprit d’ouverture, il peut être vécu de façon très moderne.
Frank RAVATIN
Le luthier du quatuor
Fiche réalisée par la Chambre Syndicale de la Facture Instrumental – 2005
[su_spoiler style= »fancy » title= »L’instrument » anchor= »instrument »]Le violon est un instrument de musique à cordes frottées. Construit en bois, il est constitué d’une caisse de résonance et d’un manche monté de 4 cordes dont le musicien tire des sons à l’aide d’un archet.
Cet instrument connu depuis le XVIème siècle se retrouve dans toutes les sortes de musiques, des plus populaires aux plus savantes, joué seul, en petite formation, ou dans les plus grands orchestres. Sa sonorité majestueuse ou légère, intime ou solennelle, mélancolique ou pétillante est toujours émouvante. La grande beauté de ses formes et de son vernis contribue à sa réputation universelle.[/su_spoiler] [su_spoiler style= »fancy » title= »Le métier » anchor= »metier »]
Le luthier est un artisan qui fabrique à la main des instruments de la famille des violons (et autres instruments à cordes frottées et à archet comme les violes et les vièles).
Il en assure la fourniture aux musiciens. Il les règle, les répare, les restaure et parfois les expertise. Il peut se spécialiser dans une ou plusieurs de ces activités. Il participe à la vie musicale et culturelle de sa cité ou de sa région.
Sans grands changements depuis le XVIème siècle, ce métier d’art au service de la musique et des musiciens, perpétue des savoir-faire prestigieux dans des domaines aussi variés que la sculpture, la sonorité, le vernis. Il embrasse des activités diverses qui peuvent se décomposer ainsi :
La fabrication
Commence par le dessin de la forme de l’instrument ou le choix d’un modèle. Le luthier sélectionne ensuite ses bois puis découpe, taille, sculpte et façonne à l’aide des outils à main traditionnels les différentes pièces qui seront assemblées par collage. Après les dernières finitions, le violon en blanc recevra une préparation (couche de protection) appelée fond de bois avant l’application au pinceau du vernis coloré confectionné par le luthier lui-même. Si une grande maîtrise du geste et des techniques est indispensable, c’est la recherche de la qualité sonore qui doit guider le travail à chaque étape de la réalisation.
Le montage des instruments neufs et anciens
Consiste à façonner, ajuster, coller ou poser les différents accessoires (touche, sillets, chevilles, âme, chevalet, bouton, cordier…), tendre les cordes et à effectuer la mise au point.
L’entretien et la réparation
Cela constitue avec le montage une part importante, voire prépondérante de l’activité de nombreux ateliers.
Il s’agit de conserver ou de restituer à l’instrument ses caractéristiques et fonctions principales tout en prévenant d’éventuelles dégradations. Ce travail est effectué en relation étroite avec le musicien.
Le réglage de sonorité
Il s’agit d’optimiser les qualités sonores et de jeu d’un instrument en relation avec le musicien.
Ce travail demande au luthier une grande qualité d’écoute tant de l’instrument que du musicien et requiert des facultés d’analyse et de compréhension du fonctionnement de l’instrument.
La restauration
Consiste à restituer à un instrument digne d’intérêt et considéré dans sa globalité, ses caractéristiques fonctionnelles et esthétiques dans le respect du travail de l’auteur. Cette activité qui demande une grande rigueur et de solides compétences, s’appuie sur des connaissances indispensables de l’histoire et des styles des instruments du patrimoine.
L’expertise
Elle a pour but d’identifier et de qualifier les instruments. La recherche et l’accumulation d’éléments et d’indices significatifs doivent permettre à l’expert d’exprimer une opinion sur l’origine et la qualité de l’instrument présenté. Outre des qualités exceptionnelles d’observation et de mémoire, cette activité nécessite un longue pratique d’observation et de stockage des informations ainsi qu’une grande connaissance de l’histoire de la lutherie.[/su_spoiler] [su_spoiler style= »fancy » title= »Les perspectives professionnelles » anchor= »perspectives »]
L’activité de luthier s’exerce majoritairement dans le cadre d’une structure de très petite taille (entreprise individuelle, micro entreprise ou SARL de 1 à 3 personnes). Quelques très rares entreprises regroupent jusqu’à une dizaine de salariés dans le domaine de la fabrication des instruments et des archets.
Le jeune luthier débute souvent sa carrière comme assistant dans un atelier au sein duquel il va accumuler de l’expérience, acquérir progressivement de l’autonomie et se voir confier des responsabilités croissantes. Il peut travailler successivement dans plusieurs ateliers en France et à l’étranger avant de créer un jour sa propre entreprise.
Les luthiers sont répartis sur tout le territoire national avec une plus forte concentration dans les grandes villes et un nombre très important d’ateliers à Paris. Le volume d’activité est étroitement lié à la vie musicale et au développement de la pratique instrumentale, écoles de musiques, conservatoires, orchestres amateurs et professionnels. S’il reste aujourd’hui peu de régions ou de villes à pourvoir en luthiers de type « généralistes », la rotation des assistants dans les ateliers et le renouvellement des générations offrira sans doute encore quelques débouchés intéressants pour des jeunes possédant une formation de haut niveau. Quant aux luthiers fabricants, si le lieu d’implantation importe peu, la concurrence nationale et internationale est forte et la création d’un nouvel atelier demande des compétences élevées tant au plan artistique que commercial pour s’imposer dans un marché dont le niveau de qualité progresse sans cesse.
[/su_spoiler] [su_spoiler style= »fancy » title= »Le profil de candidature » anchor= »profil »]Le recrutement se fait au niveau Bac, sans limite d’âge. Outre une excellente habileté manuelle, un goût prononcé pour les disciplines artistiques, ce métier de patience et de passion nécessite une bonne oreille et un sens aigu de l’observation.
Une pratique musicale personnelle est très souhaitable (l’étude d’un instrument à cordes frottées sera débutée ou poursuivie dans le cadre de la formation)[/su_spoiler] [su_spoiler style= »fancy » title= »La formation » anchor= »formation »]
Elle vise à donner au futur luthier les bases théoriques et pratiques du métier dans toutes ses composantes, tout en étant principalement fondée sur la maîtrise des techniques de fabrication des instruments. L’enseignement doit permettre à l’élève d’acquérir des gestes sûrs, des techniques fiables mais aussi lui fournir les outils et les méthodes de travail pour appréhender sa future vie professionnelle et forger son expérience
[/su_spoiler]Les centres de formation :
ECOLE NATIONALE DE LUTHERIE DE MIRECOURT
C’est un établissement d’enseignement public intégré au sein du lycée polyvalent Jean-Baptiste Vuillaume de Mirecourt.
5, avenue Graillet BP 109 F
88503 Mirecourt Cedex (France)
Tél. : 33 (0)3 29 37 06 33
Fax. : 33 (0)3 29 37 18 97
http://www.ac-nancy-metz.fr/pres-etab/vuillaume/poirot/1slorraine/lutherie/
L’école prépare au DMA de Lutherie (Diplôme des Métiers d’Arts). Cette formation en deux ans de type supérieure se partage à parts égales entre des enseignements professionnels pratiques et théoriques (atelier et technologie) et des enseignements généraux (français, langue vivante, sciences physiques, économie et gestion) ou artistiques (dessin, arts appliqués, culture musicale…). Elle est précédée d’une année de mise à niveau dont une part importante est consacrée au travail à l’établi.
Elle regroupe au maximum 12 élèves par année dont une moitié d’étrangers Une année supplémentaire de formation post-DMA est à l’étude. Elle sera consacrée au domaine de la restauration.
Un ancien CAP subsiste encore permettant à des candidats possédant de bonnes aptitudes sans avoir le profil exigé pour une formation au DMA et qui réussissent à trouver un maître d’apprentissage (formation en alternance sous contrat d’apprentissage en partenariat avec un CFA métiers divers) d’y valider leur formation.
[/su_spoiler] [su_spoiler style= »fancy » title= »A l’étranger » anchor= »etranger »]Angleterre :
Newark and Sherwood College Friary Road – NG241TB Newark – Grande-Bretagne
Customer Services
Friary Road FREEPOST (NG6163)
Newark
Notts NG24 4BR , United Kingdom
Phone: 01636 680680
Fax: 01636 680681
Course Enquiries: 01636 680683
Website: www.newark.ac.uk
Durée des études : 3 ans
Age mini : 16 ans ; âge maxi : aucun
London Guildhall University
41 Commercial Road – E1 1LA Londres – Grande-Bretagne
Durée des études : 5 ans
Age mini : aucun ; âge maxi : aucun
Allemagne :
Mittenwald
Schule für Geigenbau und Zupfinstrumentenmacher
Partenkirchner St 24 – Mittenwald – Allemagne
Tél (49) 8823 1353
Durée des études : 3 ans et demi
Age maxi : 21 ans
Italie :
Cremona
Scuola Internazionale di Luteria
IPIALL – Corso Garibaldi – 26100 Cremona – Italie
Tél : (39) 0372-27129
E-mail : stradivari@graffiti.it
Durée des études : 5 ans (entrée possible en 2ème ou 3ème année pour des bacheliers)
Age maxi : 25 ans
Parma
Scuola di Liuteria di Parma
Associazione Culturale Liuteria Parmense
Borgo S. Giuseppe, 13
43100 – Parme
Tel/Fax : (39) 0521 645 706
Milano
Civica Scuola di Liuteria di Milano
Via Noto 4 – 20141 Milano
tel.+39 0257409945
fax +39 0257402838
E-mail: info@civicascuoladiliuteria.it
Suisse :
Brienz
Geigenbauschule
Oberdorfstrasse 94
CH-3855 Brienz
Tél ++4133 951 18 61
Fax ++4133 951 04 93
Site : www.geigenbauschule.ch
E-mail : info@geigenbauschule.ch
Ecole payante avec possibilité d’aides financières.
Examen d’admission avec tests et entretien.
Durée des études : 4 ans
USA:
Salt Lake City
Violin Making School of America
308 East 200 South – 84111 Salt Lake City – USA
Tel: (801) 364-3651 or (800) 801-3651
Fax: (801) 364-3652
E-mail: info@prierviolins.com
Durée : 3 à 4 ans
Niveau : bac
Chicago
School of Violin Making
3636 Oakton – Skokie, Illinois 60076 – USA
Tél. : (1) 847 673 9545
Fax : (1) 847 673 9546
E-mail : csvm1@aol.com
Durée des études : 3 ans et demi
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